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Une équipe de chercheurs internationale (États-Unis et Royaume-Uni) a récemment déclaré que depuis 12 000 ans, les humains ont perdu environ 20% de leur masse osseuse au niveau des membres inférieurs. Cette époque correspond à l’avènement de l’agriculture. En effet, jusque là et depuis des millions d’années, les hommes et leurs ancêtres survivaient de chasse et de cueillette, des activités requérant une activité physique beaucoup plus intense. Les chasseurs-cueilleurs qui vivaient encore il y 7 000 ans avaient des os et des articulations (hanches, genoux et chevilles) aussi solides que l’homme de Neandertal, un cousin disparu il y a 28 000 ans ou même les chimpanzés, un lointain ancêtre, selon ces chercheurs. En comparaison, les «agriculteurs» qui vivaient dans les mêmes régions depuis 6 000 ans ont des os nettement moins denses et plus fragiles. Pour cette étude, les auteurs ont utilisé des scanners pour mesurer la densité osseuse de la partie spongieuse des os chez 59 humains modernes, 229 primates, comme des chimpanzés, ainsi que sur des ossements fossilisés d’hominidés dont l’Australopithécus africanus (-3,3 à -2,1 millions d’années), le Paranthropus robustus (-1,2 millions d’années) et des Néandertaliens (-250 000 à -28 000 ans). Les résultats montrent que seuls les humains modernes récents ont une faible densité des os spongieux qui est particulièrement prononcée dans les articulations des membres inférieurs (hanches, genoux et chevilles). «Ce changement anatomique tardif dans notre évolution paraît bien avoir résulté de la transition d’une vie nomade à un mode de subsistance plus sédentaire», concluent ces chercheurs. «D’autres facteurs pourraient aussi expliquer ces différences de densité osseuse entre les premiers agriculteurs et les chasseurs-cueilleurs», relève Timothy Ryan, professeur adjoint d’anthropologie à l’Université de Pennsylvanie, autre co-auteur de cette découverte. «La quantité de céréales cultivée dans le régime alimentaire des agriculteurs ainsi que de possibles carences de calcium pourraient avoir contribué à réduire la masse osseuse mais il apparaît toutefois que l’aspect biomécanique de l’abandon des activités de chasse et de cueillette a joué une plus grande part», précise-t-il. Cette recherche fournit un contexte anthropologique aux pathologies osseuses des populations contemporaines comme l’ostéoporose, une fragilisation des os fréquente chez les personnes vieillissantes qui résulte en partie du manque d’activité physique notamment la marche. Au cours de la vaste partie de la préhistoire humaine, nos ancêtres étaient nettement plus actifs physiquement qu’aujourd’hui. Pour Colin Shaw, professeur à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et également co-auteur de l’étude, «les humains contemporains vivent dans un environnement culturel et technologique incompatible avec leur adaptation résultant de l’évolution. Il y a sept millions d’années d’évolution des hominidés qui les a adapté pour l’action et l’activité physique nécessaire à leur survie mais depuis seulement une centaine d’années nous sommes dangereusement sédentaires», explique-t-il, ajoutant : «nous n’avons pas évolué pour être assis dans une voiture ou à un bureau». Pour ces chercheurs, faire beaucoup d’exercice physique à partir d’un très jeune âge doit permettre de parvenir à une résistance osseuse maximum vers trente ans. Ceci permet de maintenir une plus grande densité des os malgré l’affaiblissement inévitable qui se produit avec l’âge, selon eux. La prochaine étape de cette recherche, explique le professeur Shaw, sera d’analyser à la lumière de ces travaux les différents types de mouvements du corps qui ont permis à nos ancêtres de parvenir à une telle solidité osseuse en étudiant notamment les coureurs de marathon de l’extrême de l’Himalaya au désert de Namibie.

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