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Au Japon, des scientifiques ont réussi à faire revivre des individus d’une espèce animale microscopique prélevés il y a trois décennies dans les glaces de l’Antarctique. Bien sûr, l’annonce a de quoi surprendre : des tardigrades prélevés en 1983 au pôle Sud ont été réanimés, selon l’Institut national de la recherche polaire japonais (NiPR). L’information a été dévoilée par le quotidien britannique The Independent dans un article du 16 janvier 2016, reprenant une publication dans la revue Cryobiology Magazine du 25 décembre 2015. Les tardigrades, également appelés « oursons d’eau », forment une branche du règne animal, proche des Arthropodes. Pas moins de 1000 espèces de tardigrades sont connues, le premier spécimen étant décrit par le zoologiste allemand Johann August Ephraim Goeze en 1773. Il s’agit d’êtres très petits : moins d’un millimètre de longueur.

Cependant, lorsqu’on connaît mieux les tardigrades, la surprise n’est pas si grande qu’elle peut le paraître initialement. En effet, ces êtres quasi microscopiques sont extrémophiles , c’est-à-dire qu’ils peuvent survivre à des conditions hostiles et même mortelles pour la plupart des autres êtres vivants. Ils peuvent ralentir leur métabolisme sur de très longues périodes, leur permettant de survivre.

Des scientifiques japonais ont donc pu réanimer des tardigrades conservés à une température de -20°C pendant une période de 31 ans. Après le succès de la décongélation des minuscules créatures en mai 2014, un individu adulte, qui a pu bouger et se nourrir au bout de deux semaines, ainsi qu’un œuf ont pu être réanimés. L’œuf en question a ensuite donné naissance 19 spécimens en bonne santé.

Pour résister à des conditions défavorables, le tardigrade se recroqueville sur lui-même pour former un petit tonneau totalement imperméable à l’intérieur duquel il suspend ses activités physiologiques. Il maintient cet état appelé cryptobiose jusqu’à ce que les conditions redeviennent propices à ses activités. La résistance des tardigrades a été mise à l’épreuve en maintes occasions. À chaque fois, ils ont formé cette petite armure pour resurgir lorsque les conditions le permettaient. Ainsi, ils ont été soumis à des températures de –273,10° C, la température la plus basse jamais atteinte en laboratoire, pendant 20 heures, avant d’être réchauffés et réhydratés : ils sont alors revenus à la vie active. Ils ont été placés à –200° C durant 20 mois et ont survécu. Ils ont été exposés à une température de 150° C, bien supérieure au point d’ébullition de l’eau, et n’ont pas succombé pour autant. Ils ont supporté une pression de 75 000 fois la pression atmosphérique normale et des concentrations élevées de gaz asphyxiants (monoxyde et dioxyde de carbone, azote, dioxyde de soufre…). Ils ont même résisté au rayonnement ultraviolet ( plus de 1 100 fois ce que l’homme pourrait endurer) et au vide présent dans l’espace. Enfin, le test ultime a été effectué en 2 occasions. En 2007 (mission russe), et encore en 2011 (mission italienne, Endeavour), des tardigrades ont été envoyés dans l’espace et exposés aux conditions d’un voyage sidéral. Dans les 2 cas, les tardigrades sont revenus sur terre et ont repris vie.

« En reproduisant cette expérience, nous pourront possiblement améliorer notre compréhension des mécanismes et des conditions de la conservation à long terme des animaux cryogénisés »expliquent les chercheurs japonais.

Pour en savoir plus sur ces petites bestioles ultra-résistantes, consulter la vidéo ci-dessous.

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