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Arinjay Banerjee, University of Saskatchewan; Jason Byron Perez, University of Saskatchewan et Simona John von Freyend, Monash University

« Stop à l’invasion des super-microbes ! », « 15 super-microbes et autres maladies effrayantes », « Des bactéries virulentes trouvées lors de tests effectués dans des chambres d’hôtel ». Voici quelques titres à la une des médias que nous lisons fréquemment ou dont nous entendons parler. Mais que voulons-nous signifier quand nous parlons de microbes ? The Conversation

Le terme est utilisé pour décrire les virus, les bactéries et les parasites. Ils peuvent tous nous rendre malades, mais le font de différentes façons. Alors, quelle est la différence entre ces agents pathogènes et quelle dangerosité présentent-ils ?

Commençons par le virus, le plus petit de ces organismes.

Image au microscope électronique du virus de la rage (Rabdoviridae). Sanofi Pasteur/Flickr, CC BY-NC-ND

Les virus, du simple rhume à Ebola

Les virus existent depuis vraiment, vraiment longtemps. Ils nous ont précédés et peuvent même être considérés comme nos plus anciens ancêtres. Les virus ont participé à la construction des génomes de toutes les espèces, y compris l’humaine.

En effet, notre génome est composé de 50 % de rétro-éléments, de l’ADN provenant de rétrovirus. Et les virus ont pu ouvrir la voie à la constitution de plusieurs enzymes dupliquant l’ADN, ce qui est indispensable à la croissance et à la division d’une cellule.

Les virus peuvent contaminer les humains et les animaux, quelques-uns d’entre eux peuvent même sauter d’une espèce à l’autre.

L’existence des virus se déroule en deux phases. À l’extérieur d’une cellule, ils sont inertes et on les appelle les particules virions. Mais une fois à l’intérieur d’une cellule, ils en utilisent les rouages à leur profit pour se dupliquer et se multiplier. Certains scientifiques peuvent ainsi faire valoir que les virus sont vivants dès qu’ils sont à l’intérieur d’une cellule.

Certains virus comme le rhume peuvent nous rendre malades, mais ne provoquent pas de maladie de longue durée. D’autres, en revanche, sont connus pour causer chez les humains et les animaux des maladies mortelles. Une souche de grippe pandémique arrive à infecter sévèrement un grand nombre de personnes en un très court laps de temps. En 2009, durant l’épidémie de grippe (H1N1) , on a, en gros, estimé à 201 000 les morts par maladie respiratoire, plus 83.300 autres décès dus à des causes cardiovasculaires.

Alors que nous sommes exposés quotidiennement à des particules virales, nous ne tombons pas malades pour autant, car le système immunitaire arrive à contrer la plupart d’entre elles. La maladie nous frappe quand nous sommes la proie d’un virus qui se présente pour la première fois ou bien en quantité importante. Voilà pourquoi il est recommandé de se faire vacciner contre la grippe tous les ans. La souche de grippe en circulation peut varier d’une année à l’autre et l’immunité due à une infection précédente ou à un vaccin pourrait ne pas suffire à nous protéger en cas d’exposition à une souche différente.

Ces virus sont capables de se répandre à toute vitesse et de se reproduire non moins rapidement, si bien que certains d’entre eux rentrent dans la catégorie des pathogènes les plus redoutés, quelques-uns étant considérés comme de possibles armes de destruction massive.

Il y a aussi des virus qui, lentement, tuent à plus long terme. Exemple classique : le virus de la rage. Il a une longue période d’incubation (un à trois mois) et on peut le prévenir grâce à la vaccination. Mais une fois les symptômes déclenchés, le malade est presque assuré de mourir.

Les vaccins constituent la meilleure façon de nous protéger des virus. Ils amorcent la réponse immunitaire, permettant à notre organisme d’affronter plus efficacement une infection véritable. La vaccination a allégé le fardeau de la maladie dans plusieurs cas de virus qui, sinon, auraient été mortels, comme les oreillons, la rougeole, la grippe et la variole. À part ça, se laver les mains et se couvrir le nez quand on éternue sont des pratiques susceptibles de tenir à distance quelques-uns de ces virus.

Détection de la bactérie Helicobacter. KGH via Wikimédia Commons, CC BY-SA

Bactéries, des envahisseurs producteurs de toxines

Certaines bactéries peuvent être bénéfiques en vous offrant une protection contre les agents pathogènes et en facilitant la digestion dans notre intestin. Mais d’autres ne sont ni bonnes ni bénignes.

Certaines bactéries sont spécialisées et provoquent des maladies comme l’infection par staphylocoque (le staphylocoque doré), le botulisme (Clostridium botulinum), la gonorrhée (Neisseria gonorrhoeae), l’ulcère de l’estomac (Helicobacter pylori), la diphtérie (Corynebacterium diphtheriae) et la peste bubonique (Yersinia pestis).

Ces bactéries sont capables de produire des toxines, d’envahir les cellules ou le flux sanguin, ou encore de disputer à leur hôte ses substances nutritives – ce qui peut, dans tous les cas, conduire à des maladies. Le traitement approprié peut dépendre de la façon dont la bactérie provoque la maladie.

Prenez le botulisme, par exemple. On l’attrape en mangeant de la nourriture contaminée par des toxines ou par des spores bactériennes venant de C. botulinum. Si quelqu’un absorbe la toxine, il ou elle peut développer des symptômes dans les six à trente-six heures. Et si l’on ingère la spore, cela peut prendre jusqu’à une semaine.

La première méthode thérapeutique, ce sont les soins de soutien pour prévenir ou soulager d’autres complications possibles et maintenir l’état et la respiration du patient. Les antibiotiques guérissant l’infection en anéantissant la bactérie mais, dans le cas du botulisme, cette destruction risque d’entraîner la libération d’encore plus de toxines, provoquant une maladie sévère. Les médecins traitent les toxines botuliques en administrant des antitoxines ou en déclenchant des vomissements.

Aujourd’hui, par suite d’un mauvais usage et d’une trop grande utilisation des antibiotiques, on assiste à l’augmentation des bactéries résistantes. En 2013, on compte par exemple environ 480 000 nouveaux cas de tuberculose résistante à plusieurs médicaments (tuberculose multirésistante).

Passer d’un antibiotique à l’autre peut réduire le risque de résistance. Des alternatives sont en train de se développer, comme l’utilisation de bactériophages (des bactéries tueuses de virus) ou d’enzymes détruisant le génome de bactéries résistantes. En fait, les bactériophages sont largement utilisés en Europe de l’Est, mais ils n’ont pas été validés en Amérique du Nord.

Il y a des vaccins disponibles pour certaines bactéries comme le vaccin DTP contre la diphtérie, Bordetella pertussis et Clostridium tetani (c’est-à-dire diphtérie tétanos poliomyélite). Et il existe plein d’autres solutions simples pour empêcher les bactéries de nous rendre malades, comme de nous laver convenablement les mains, désinfecter les surfaces de nos habitations, ne nous servir que d’eau propre et cuire les aliments à des températures adéquates pour éliminer les bactéries.

Parasites qui provoquent la leishmaniose. Wellcome Images, CC BY-NC-ND

Les parasites, profiteurs qui se payent sur la bête (nous)

Le troisième groupe de notre trio de pathogènes, les parasites, ont inspiré de nombreux récits horrifiques et beaucoup d’entre nous les trouvent plutôt dégoûtants.

Les parasites sont un groupe hétérogène d’organismes vivants sur – ou à l’intérieur – d’un hôte comme nous et qui mènent la belle vie au détriment de leur victime. Les parasites peuvent être de microscopiques organismes à une seule cellule, appelés protozoaires, ou des organismes plus volumineux comme les vers ou les tiques. L’espèce protozoaire est, en fait, plus intimement liée aux cellules de notre organisme qu’aux bactéries.

Des parasites, il y en a partout et ils peuvent jouer un rôle complexe et important au sein des écosystèmes. Mais ils peuvent aussi provoquer des maladies horribles, surtout dans les pays en voie de développement. Dans de nombreux cas, l’infection par des parasites va de pair avec la pauvreté et de mauvaises conditions sanitaires.

Même si beaucoup de progrès ont été accomplis, la malaria, qui tue un enfant toutes les 30 secondes avec 90 % des cas en Afrique, est toujours la maladie la plus mortelle causée par des parasites. Mais elle est loin d’être la seule. D’autres maladies du même type, courantes dans beaucoup de parties du monde, mais essentiellement aux tropiques : la leishmaniose, la cécité des rivières et l’éléphantiasis.

De nombreux parasites se transmettent par l’intermédiaire des moustiques et autres insectes. Et, avec l’intensification du changement climatique, beaucoup de maladies parasitaires sont susceptibles de migrer plus au nord.

Ainsi, les maladies parasitaires sont en augmentation dans les pays développés, y compris aux États-Unis. La maladie de Chagas, par exemple, est provoquée par un parasite monocellulaire et les cas d’infections se multiplient dans toute l’Amérique du Nord, peut-être stimulés par les changements climatiques.

Il n’existe aucun vaccin disponible jusqu’à présent pour la plupart des maladies parasitaires importantes frappant les humains, mais de multiples recherches sont en cours. Heureusement, on dispose de beaucoup de médicaments pour combattre les parasites. Par exemple, en 2015, le prix Nobel de médecine a été attribué à des scientifiques qui ont mis au point des médicaments antiparasites : l’un, l’Ivermectine, tue les vers, et l’autre, l’Artémisinine, traite la malaria. Ces deux médicaments ont aidé un bon nombre de pays à combattre les fléaux provoqués par les vers parasites et la malaria.

Le succès le plus récent fut celui de septembre 2015 quand le Mexique, grâce à la donation d’Ivermectine par Merck, a pu éradiquer la cécité des rivières, causé par Onchocerca volvulus.

Rester propre

Attraper un virus malfaisant, une infection bactérienne ou une maladie parasitaire, ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Heureusement, nous disposons de traitements efficaces face à quelques-unes de ces affections. De même que des vaccins pouvant d’avance nous protéger de la maladie, même si certains microbes demeurent hors de portée de nos meilleurs médicaments.

Que l’on garde ceci en mémoire : même si ces microbes peuvent nous rendre très, très malades, encore faut-il y être exposés pour devenir infectés. Certes, des stratégies d’envergure, comme l’amélioration du système sanitaire et la maîtrise des maladies peuvent nous protéger les uns et les autres. Mais il y a aussi des moyens plus élémentaires : se laver les mains, rester à la maison en cas de maladie et se couvrir la bouche quand on tousse ou lorsqu’on éternue.

Arinjay Banerjee, PhD Student in Veterinary Microbiology, University of Saskatchewan; Jason Byron Perez, MSc Student, University of Saskatchewan et Simona John von Freyend, Research Fellow, Malaria biochemistry, Monash University

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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