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Si vous avez la chance d’aller visiter les Dry Valleys de McMurdo en Antarctique, vous aurez l’occasion de voir des choses assez bizarres. En effet, ces vallées sans neige offrent un paysage formé complètement de glace. La seule exception, le plus long fleuve du continent de glace, nommé Onyx, et une cascade d’une hauteur d’environ 17 mètres (cinq étages) qui déverse son flux liquide d’une couleur rouge sang sur la surface d’un énorme glacier. D’où cette couleur, plutôt contrastante sur ce paysage vierge, peut-elle émerger ? Les facteurs qui sont à l’origine de cette cascade de sang ont commencé à se combiner il y a environ 5 millions d’années. À l’époque, le niveau des océans étant plus élevé, ceux-ci recouvrait une partie de la région et en se retirant ont laissé une zone inondée par un lac d’eau salée. Pendant les millions d’années suivants, ce lac salé a lentement été recouvert par des couches et des couches de glace et de neige, qui se sont accumulées dans un énorme bloc de glace reposant à la surface du lac, qui maintenant se retrouve sous une couche de 400 mètres de glace. Coupé du monde, ce lac est devenu incroyablement salé, soit environ trois fois plus salé que l’eau de mer, ce qui l’a empêché de se solidifier. De par sa position, le lac Whillans est également incroyablement riche en fer. En effet, le brassage des eaux du lac érode les fonds rocheux et boueux de sorte que le métal, très réactif, se retrouve dissout dans l’eau. Aujourd’hui, quand les eaux du lac salé s’infiltrent à travers une fissure dans le glacier, elles entrent en contact avec de l’oxygène pour la première fois depuis des millions d’années, et le fer rouille instantanément, laissant derrière lui une tache rouge sang sur le glacier. Jusqu’ici, rien de bien mystérieux. Cependant, le problème est que les scientifiques ne sont pas en mesure d’étudier la composition du lac « souterrain » correctement, car dès que l’eau entre en contact avec l’air extérieur, celle-ci réagit et se transforme. De plus, une quantité incroyable de micro-organismes vivent dans cette eau dont la température se situe sous le point de congélation (0 degré Celsius) et ne contient absolument pas d’oxygène. Ces micro-organismes méritent certainement une attention particulière. Donc Jill Mikucki, un microbiologiste de l’Université du Tennessee Knoxville aux États-Unis, est parvenu à une solution décrite dans le journal The Antarctic Sun, publié par le US Antarctica Program. La technologie se nomme « IceMole », la taupe des glaces, et consiste en une longue boîte métallique rectangulaire avec une tête de cuivre dont la vis à l’extrémité lui permet de se frayer un chemin à travers la glace. Son fonctionnement lui permet de pratiquer des trajectoires courbes à travers la structure de glace. La taupe des glaces peut donc se diriger dans tous les sens, aller de côté, de haut en bas, etc.. On peut donc atteindre n’importe quel point sous cette masse de glace. L’équipe de Mikucki a donc réussi à extraire les tout premiers échantillons du lac Whillans qui pourront finalement servir à étudier la composition de cette eau salée et la nature des micro-organismes qui peuvent vivre dans l’obscurité totale et absolue, dépourvus d’oxygène, et dans un milieu tellement salé qu’aucun de nous ne pourrait y survivre. Il ne reste plus qu’à attendre avec impatience les premiers résultants provenant d’un autre monde.

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