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Pour nourrir les plus de 9 milliards d’êtres humains qui peupleront la Terre d’ici à 2030, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est prononcée en faveur du développement de l’élevage d’insectes à grand échelle pour répondre aux inquiétudes croissantes sur la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en protéines. Toujours assez marginale dans la culture occidentale, mais déjà développée dans certaines régions du monde comme en Asie, en Afrique ou encore en Amérique Latine, la consommation d’insectes (entomophagie) est considérée comme l’alimentation de demain. Afin de faire un bilan de ce que l’on sait sur ce type d’alimentation, et ce qu’on en ignore, des chercheurs français de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) ont entamé l’an dernier une étude sur les risques sanitaires potentiels encourus à adopter une alimentation à base d’insectes. « On s’est rendu compte qu’il n’y avait aucune étude de l’ensemble des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires liés à la consommation d’insectes », déclare Stéphane Larréché, responsable de l’évaluation des risques biologiques dans les aliments à l’Anses et coordinateur de l’étude dont les résultats ont été présentés ce jeudi. « Notre recherche a clairement mis en évidence un ensemble de lacunes à combler pour s’assurer d’une production maîtrisée et saine d’aliments à base d’insectes », poursuit Stéphane Larréché. En effet, plusieurs risques pour l’homme ont été recensés, mettant en évidence le chemin restant à parcourir. Ces risques peuvent être associés à des substances chimiques (venins, pesticides ou polluants organiques présents dans l’environnement ou l’alimentation des insectes, etc.), à des agents physiques (parties dures de l’insecte comme le dard, le rostre, etc.), à des parasites (des virus, des bactéries et leurs toxines ou encore des champignons), aux conditions d’élevage et de production mais surtout à des allergènes.  En effet, les insectes possèdent les mêmes allergènes que les mollusques, les crustacés ou les acariens, et les personnes allergiques doivent être particulièrement vigilantes. « Ces risques sont les mêmes que pour d’autres aliments plus communs, comme la viande. Mais leurs effets concrets sur l’homme et leur ampleur, comme les allergies croisées, ne sont pas connus », explique Stéphane Larreché. Bien qu’envisageable, et envisagé, l’élevage d’insectes à grande échelle nécessite des recherches bien plus approfondies. Il faudra aussi mettre au point des normes précises sur la reproduction, l’alimentation et l’abattage des insectes, afin de s’assurer qu’un produit final sain est proposé au consommateur. « Il conviendrait de définir un encadrement spécifique permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires », indique le rapport. « Il faut donc mener des recherches complémentaires, en ciblant les insectes qui pourraient être concernés par des élevages à grande échelle », car aujourd’hui, les études qui existent ne portent que sur une dizaine d’espèces, comme les criquets, les vers de farine ou les mouches domestiques, alors qu’on estime entre 2 000 et 2 500 les espèces différentes déjà consommées dans le monde.

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