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Alerte extinction! Comment sauver le monde d’un astéroïde mortel?

Michael Dello-Iacovo, UNSW Australia

Il y a 65 millions d’années, un désastre a frappé la Terre. Un astéroïde ou une comète d’environ 10 km de diamètrea percuté ce qui est aujourd’hui la péninsule du Yucatan, au Mexique.

L’idée fut d’abord tournée en ridicule mais cet événement est désormais reconnu être à l’origine de l’extinction des dinosaures. Cette perception a conduit des scientifiques et des ingénieurs du monde entier à se rassembler afin de détecter et surveiller les astéroïdes dans les cieux. Et, si besoin était, prévoir comment les détourner de leur cible, c’est-à-dire nous.

Aujourd’hui, nous avons un Bureau de coordination de défense planétaire dépendant de la NASA américaine, dont la seule mission consiste à nous préparer à cette possibilité peu probable mais qui serait dévastatrice.

On pense avoir trouvé tous les astéroïdes de la taille de celui qui a tué les dinosaures (du moins ceux proches de la Terre).

Impacts récents

Mais beaucoup d’astéroïdes, certes plus petits mais capables pourtant de causer bien des dégâts, n’ont pas encore été détectés. En 1908, le roc qui a frappé la région de la Toungouska, en Sibérie, a dévasté 2 000 kilomètres carrés de forêt. Cet astéroïde mesurait seulement quelque 50 mètres d’envergure. Parmi les objets provenant de l’espace proche de la Terre (en anglais near Earth objects ou NEOs), nous en avons seulement trouvé 1 % de cette taille.

Malgré la rareté du phénomène, si un grand astéroïde venait à frapper notre planète, cela provoquerait d’extraordinaires dommages. En fait, vous avez davantage de probabilités d’être tué par un astéroïde que par une attaque de requin. Nous connaissons beaucoup d’impacts récents d’astéroïdes mais cela ne nous empêche pas d’en découvrir encore plus dans le registre géologique. Selon une estimation courante, les NEOs susceptibles de provoquer des effets écologiques sur le globe ne tombent qu’une fois tous les 500 000 ans.

Aujourd’hui, malgré notre capacité à détecter et à suivre à la trace de grands astéroïdes (vous pouvez observer vous-mêmes les positions actuellement connues d’astéroïdes en utilisant ces données en ligne), nous connaissons très peu de choses sur ce qu’il y a à l’intérieur. Ce que nous savons, pour l’essentiel, se base sur des morceaux d’astéroïdes tombés sur la Terre. Mais il est difficile à partir de petits échantillons de comprendre à quoi les astéroïdes ressemblent dans leur totalité.

Les types d’astéroïdes

Les astéroïdes sont de plusieurs types fondés sur leur composition minérale mais leur structure interne est aussi susceptible de revêtir diverses formes. Certaines peuvent être des piles de pierres, à peine tenues ensemble par la gravité et par des forces électrostatiques, d’autres sont constituées de solides blocs de pierre. Selon les structures, les méthodes pour les détourner diffèrent.

Par exemple, la pile de pierrailles risque de se casser en mille morceaux si nous la faisons exploser, auquel cas chaque petit débris constituera toujours une menace. Cela dicterait une approche plus fine : par exemple de la briser grâce à un nuage de particules plus petites projeté par un vaisseau spatial.

Quant à l’utilisation d’explosifs pour détourner un astéroïde, elle est cent fois moins efficace sur un astéroïde poreux que sur celui doté d’une composition plus solide.

À l’intérieur d’un astéroïde

Ma recherche implique de reformuler des techniques géophysiques utilisées depuis plus d’un siècle sur Terre pour déterminer la force et la structure des astéroïdes. Pour tester si ces techniques fonctionneront, il faut recréer en laboratoire les conditions auxquelles est soumis un astéroïde, du point de vue de la gravité, de la température et de l’atmosphère. Nous devons aussi, pour expérimenter notre équipement, trouver un matériau correspondant aux propriétés de surface d’un astéroïde.

La NASA se livre à des expériences à faible gravité en utilisant un avion effectuant un vol parabolique) placé temporairement en chute libre. Les conditions atmosphériques peuvent être modifiées dans une chambre à vide.

Les chercheurs ont développé des matériaux de simulation, semblables dans leur composition chimique à différentes catégories d’astéroïdes. Utiles pour tester les outils de forage susceptibles d’être utilisés sur les astéroïdes, ils peuvent également servir à savoir si l’équipement géophysique serait capable de déterminer les caractéristiques utiles, notamment la structure de l’astéroïde.

Une fois cette technologie mise au point, elle a potentiellement la faculté d’être utilisée pour atterrir sur un astéroïde et en examiner l’intérieur. En connaissant sa structure, sa porosité et sa force, nous pouvons alors commencer à élaborer des stratégies de détournement visant des astéroïdes isolés et des astéroïdes en général.

Être préparés

Les dinosaures ont disparu parce qu’ils n’avaient pas de programme spatial ! Heureusement, nous sommes mieux préparés (même si l’Australie est toujours l’un des pays de l’OCDE sans programme spatial, l’autre étant l’Islande). Au cas où nous détecterions un astéroïde faisant route vers nous, le fait d’en être avertis au moins plusieurs années à l’avance nous permettrait d’envoyer une mission pour savoir de quoi il est fait. Et de planifier alors la meilleure stratégie possible complétée par un plan de secours.

En 1995, une réunion de travail entre les concepteurs des armes de l’ex-guerre froide, États-Unis et Russie, s’est tenue pour proposer une solution permettant le détournement d’un astéroïde détecté à la dernière minute. Ils ont préconisé une arme nucléaire (cependant jamais construite) capable de vaporiser instantanément un astéroïde de 1 kilomètre carré. Elle serait également capable de repousser loin de nous un astéroïde sous réserve d’une alerte lancée préalablement quelques mois avant, voire deux années s’il s’agissait d’une comète. Faute de quoi, nous devrions nous contenter d’évacuer le maximum de personnes du lieu probable d’atterrissage.

Les impacts d’astéroïdes ne sont pas le seul phénomène capable de nous anéantir. La guerre mondiale, le terrorisme biologique et l’intelligence artificielle, tous ont le pouvoir de nous détruire. Quelques chercheurs ont même avancé l’idée que la probabilité de la survie de l’humanité jusqu’à 2100 n’était que d’une sur deux.

Compte tenu d’un tel niveau de danger potentiel, une seule chose est certaine : nous pouvons et nous devons passer plus de temps et consacrer davantage de ressources à essayer de réduire ces risques.

The Conversation

Michael Dello-Iacovo, PhD candidate (Mining Engineering), UNSW Australia

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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