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Une équipe d’astronomes américains aurait découvert ce qui pourrait bien être la structure individuelle la plus grande jamais identifiée par l’Homme. Il s’agirait en fait d’un « supervide ». Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter à une dizaine d’années, quand un mystérieux « point froid » a été découvert dans la constellation d’Eridan, à trois milliards d’années-lumière de nous. Le terme « point froid » (cold spot) est utilisé pour désigner un endroit dans l’univers où l’émission d’énergie est moindre que ce qu’on retrouve en général ailleurs dans l’univers. Ainsi, ce point froid, dont l’origine remonte au Big Bang, a immédiatement rendu les astrophysiciens très perplexes. Pour le comprendre, les scientifiques donnent cette explication : « Pendant un temps, ce jeune univers était une soupe de particules électriquement chargées qui retenaient la lumière prisonnière. Lorsque les premiers atomes se sont formés, la lumière a pu enfin se libérer. De l’âge “sombre” de l’univers, il y a plus de 13 milliards et demi d’années, il nous reste un rayonnement électromagnétique, identifié en 1965: le fond diffus cosmologique (CMB en anglais). » Le fond diffus cosmologique étant relativement homogène, les astrophysiciens n’arrivent pas à comprendre pourquoi son rayonnement semble si froid à cet endroit précis. Sur les cartes, ce point froid est bien plus grand que ce qui est prévu par la théorie. Différentes hypothèses ont alors été avancées : serait-ce un autre univers ? Une simple erreur d’analyse des données ? Un monstrueux trou noir de la masse ayant la masse d’un univers en soi ? De nouveaux résultats fournis par une équipe de l’université d’Hawaï permettent aujourd’hui aux chercheurs de penser qu’il s’agit d’un « supervide » large de 1,8 milliard d’années-lumière.

Vide ? Pas tant que ça. En effet, selon les calculs, ce trou béant contiendrait environ 20 % moins d’éléments que notre partie de l’univers, ou toute autre région du même genre. Selon les chercheurs, il « manquerait » quelque 10 000 galaxies dans cette partie de l’espace, ce qui expliquerait que le rayonnement de cette zone soit beaucoup plus froid qu’ailleurs. Selon István Szapudi, de l’université d’Hawaï, cet immense vide pourrait bien être « la structure individuelle la plus grande jamais identifiée par l’humanité ».

Une partie du mystère est peut-être levée sur cette zone du cosmos, mais il est loin d’être résolu. Il est même, pour certains experts, en train de s’épaissir. Car, s’interroge Roberto Trotta, cosmologiste à l’Imperial College London, « comment ce vide s’est-il formé de lui-même » ? Certains chercheurs voient ainsi en lui la preuve l’existence de l’énergie sombre, responsable de l’accélération cosmique de l’univers. Si le point froid provient de l’univers immédiatement après le Big Bang, il pourrait être la preuve de l’existence de phénomènes physiques qui ne sont pas prévus dans la théorie cosmologique standard, et pourrait, en revanche, être causé par la présence d’une autre structure se trouvant entre nous et le rayonnement diffus… Face à ces nombreuses interrogations, l’équipe de chercheurs d’Hawaï prévoit approfondir son étude en l’élargissant à un autre vide important, situé, lui, dans la constellation du Dragon.

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