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Depuis quelques années, l’activité d’une caldeira située dans la baie de Naples et connue sous le nom de Campi Flegrei, inquiète les scientifiques. Cette structure volcanique serait selon eux la plus dangereuse d’Europe et pourrait laisser planer une menace plus grande. Dans les faits, une caldeira est une zone profonde créée par l’affaissement du sol provoqué par une éruption volcanique qui a vidé la napp magma souterraine (voir image ci-dessous). La zone est donc une caldeira qui se présente sous la forme d’une vaste dépression elliptique de 13 kilomètres de large. Elle a été formée au cours de deux éruptions majeures il y a respectivement 36 000 et 14 000 ans. Les Campi Flegrei abritent actuellement deux villes principales : Pouzzoles et Cumes. Selon de récentes estimations, plus d’un million de personnes vivraient ainsi à l’intérieur même ou à proximité de la caldeira. C’est pourquoi son activité préoccupe particulièrement les scientifiques.

En termes de catastrophes volcaniques, le sud de l’Italie a connu au cours de son histoire des épisodes particulièrement violents dont le plus destructeur est sans aucun doute l’éruption du Vésuve, situé à quelques kilomètres de Naples, survenue le 24 août de l’an 79 qui a détruit la ville de Pompei. Toutefois, le pire pourrait être encore à venir. C’est du moins ce que suggèrent des géologues en charge du suivi des Campi Flegrei, une région volcanique située au nord-ouest de la baie de Naples.

Au cours des dernières années, les spécialistes ont enregistré une hausse du niveau du sol de 10 centimètres entre 2012 et 2013. Ce phénomène, connu sous le nom de bradyséisme, est une rare manifestation observée au niveau seulement de trois caldeiras dont celle en question, celle de la Long Valley aux États-Unis et celle de Rabaul en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La remontée du sol est liée à une arrivée de magma en profondeur et est observée depuis de nombreuses années dans les Campi Flegrei. Toutefois, celle-ci était auparavant contenue et liée à des fluides hydrothermaux. Aujourd’hui, son ampleur est plus grande et son origine est principalement volcanique. Les scientifiques ont en effet récemment identifié un lac de lave en fusion à une profondeur de trois kilomètres sous la surface du sol. L’étendue présenterait 2 à 3 kilomètres d’envergure, selon les estimations.

Mais pour le moment, les spécialistes ne disposent que de très peu d’informations à son sujet. «Ce volcan est vraiment étrange. Il est le responsable principal du bradyséisme mais nous ne savons pas encore comment il fonctionne», confiait il y a peu Giuseppe de Natale, chercheur à l’Institut National de Géophysique et Volcanologie Italien. C’est pourquoi les volcanologues veulent mener des études plus poussées afin de percer ses secrets et d’étudier plus étroitement l’activité volcanique de la région. Le projet consiste à amener une sonde à environ 4 kilomètre de profondeur, juste au-dessus de ce qui est supposé être la chambre magmatique. «L’objectif est de surveiller et étudier ce volcan pour atténuer le risque», a expliqué Giuseppe de Natale, membre de l’Observatoire du Vésuve. Mais le but est «aussi de connaitre sa structure interne et son mode de fonctionnement pour interpréter les signaux et réussir à prévenir une éventuelle éruption», a-t-il ajouté.

La structure volcanique des Campi Flegrei est l’une des plus dangereuses d’Europe. Les scientifiques pensent qu’elle a le potentiel pour donner naissance à des «éruptions pouvant avoir des effets catastrophiques comparables à des impacts d’astéroïdes majeurs». Toutefois, ils se veulent rassurants : le risque que la structure connaisse une telle éruption est très faible. «Heureusement, il est extrêmement rare que ces zones entrent en éruption avec leur capacité maximale comme il est extrêmement rare que de gros astéroïdes frappent la Terre», a confié Giuseppe de Natale. «Mais certaines régions, en particulier les Campi Flegrei, sont densément peuplées et donc même de petites éruptions, qui sont les plus probables, peuvent présenter une menace pour la population», a-t-il conclu.

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